La première fois, c’est venu comme une évidence.
C’était à l’occasion de la Nuit des Musées, le Musée du Textile de Cholet m’avait offert une «carte blanche». Impossible d’imaginer cette création en lien avec le textile sans la présence d’une tisserande. Ce jour-là, elle a choisi pour tisser de s’installer dans les cuves à teintures (vides !).
La seconde fois, c’est encore venu comme une évidence.
C’était à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, la ville d’Angers m’avait commandé une «Murder Party» : l’écriture d’une enquête policière menée grandeur nature dans la ville. J’avais choisi d’axer le scénario autour de la tapisserie de l’Apocalypse de saint Jean. Impossible là encore d’imaginer cette création sans la présence d’une tisserande. Ou non, tiens… deux !! (Merci Christine !)
A chaque fois, elle est venue. Avec son grand sourire, ses yeux clairs, ses tisanes parfumées et son méli-mélo de cadres, de fils et de couleurs.
Avec le public qui venait écouter mes histoires, elle a tissé des liens.
La qualité du regard posé sur ses mains, le calme imposé par le rythme de ses allers et de ses retours sur le cadre de bois….
Moi, ça me paraît complexe, technique, tout ça.
Mais régulier, rassurant, ça va d’un point A à un point B.
Exactement l’inverse de nous.
Nous, comédiens, donnons l’impression d’aller d’un point A à un point B : dans nos spectacles, il y a un début et une fin.
Mais nos histoires ne sont que circonvolutions de sensations, méandres d’émotions, galimatias de mots…
Finalement, fil de soie ou filet de voix, nous tissons sur le même fil… de la vie devant soi.
Clarisse Léon
le 10 octobre 2017