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Ourdissage réussi

Tisser … des fils et des liens amicaux – le stage de juin 2015

30 juin 2015 -

9 heures lundi matin : nous voici réunis autour de Betty dans cette grande maison de Chinon, au bord de la Vienne. Il y a là Ana, déjà tisserande, à la recherche de ce qui pourrait l’aider à passer le pas de la professionnalisation…. Il y a Thierry qui a quitté pour une semaine les plateaux de cinéma et de télé pour une envie, un rêve de création…. Il y a Françoise, venue avec son grand métier tout neuf sous le bras et qui veut en deux jours découvrir tous ses secrets, il y a enfin Myriam, arrivée à la retraite qui rêve de manipuler le plus de manettes ou de pédales possibles et voir se créer la magie du tissu et des couleurs.

Début de stage, les stagiaires apprennent le langage du tissage

Dans l’atelier chaque chose a sa place, un mur de livres, un mur de matériel, un mur de laines, cotons et fibres de toutes sortes et de toutes couleurs, des tiroirs aux merveilles déjà tissées et des métiers, bien sûr.  On s’apercevra bientôt que toutes les pièces de la maison recèlent des métiers, grands, petits, pliants ou non, portables ou non  …On ne peut pas se tromper, on est chez une tisserande , (une tisserande passionnée et qui va s’avérer passionnante) ….. et nous sommes là pour apprendre à tisser !

l'ourdissage, la première étape du montage de chaîne

Betty, c’est notre maîtresse d’école, et ce lundi, nous sommes en CP de tissage. Pas d’approximation :  titrage des fils, calculs de la longueur et de la largeur de l’ouvrage, les fils nécessaires. On a sorti crayons, papier, feutres, calculette, on révise ses règles de 3 et là commencent les fou-rires et la gaieté qui nous accompagneront tout au long de la semaine. On perd son latin devant la théorie à priori rébarbative et pourtant on s’accroche car on  veut comprendre,  et pouvoir crier victoire pour être capable de dessiner son propre motif, son propre tissu ou simplement savoir lire le « braille » du tissage :  12, 234, … qu’on peut lire dans les livres références. Betty voit bien que tout n’est pas clair mais sait aussi le pouvoir de sa force de pédagogie, de son pouvoir de professeur et ne baisse jamais les bras : dormez dessus et vous verrez ! L’ampoule dans votre tête s’allumera ! 

Schéma d'un tissage : enlissage, attachage et pédalage

Mais il est temps de passer à la pratique : tout en parlant d’équilibre du tissage, on choisit ses fils, ses mélanges de couleurs, de matières, chacun devant son ourdissoir, on essaie, on se trompe, « A l’aide, Betty ! », on recommence ;  enfin une belle chaîne qu’on installe sur le métier choisi : 4 ou 8 cadres, des manettes, et Betty court d’un métier à l’autre, montre un geste, explique, répond aux 1000 questions d’Ana, repère d’un coup d’œil les erreurs d’enlissage, d’empeignage…. Betty est cool … mais inflexible devant certaines erreurs : ça ne va pas, on défait, on refait !! Dans ces opérations délicates, elle nous apprend l’importance de la rigueur (n’est-ce pas, Myriam !!) et nous apprend à relativiser : il est de ces erreurs qui se rattrapent mais aussi de celles qui laisseront une trace.

Ana enlisse

Déjà notre œil admire notre jolie chaine, waouh, c’est moi qui l’ai faite ! ? Et notre main a hâte de passer les duites et de descendre et monter les manettes. Les tisanes de Betty et sa bonne brioche auraient-elles des pouvoirs magiques ? Ca y est les motifs apparaissent. Qu’il est grand le plaisir, il se lit sur tous nos visages, Betty a réussi là où ce n’était pas gagné : nous sommes chacun partis d’un niveau différent : le novice, les déjà tisserandes et nous avons chacun progressé, chacun appris pour repartir plus riche d’expérience et de compréhension.  

Myriam, heureuse de son tissage le montre à Ana

L’atelier fut le cœur de notre vie de la semaine. Le matin nous le trouvions impeccablement rangé ; le soir, quand nous le quittions, souvent à une heure avancée de la soirée (que d’heures supplémentaires !), on y retrouvait posés un peu partout dans la pièce des livres ouverts, sortis pour l’inspiration ou une démonstration, des échantillons  qui avaient servi de modèles, des restes de fils, des baguettes, toutes sortes de matériel. Le lendemain matin tout avait retrouvé sa place.

Et puis est arrivé vendredi, dernier jour de notre stage. Le test : notre projet à définir, à préparer, à tisser. Et de nouveau autour de la table, on remplit nos fiches, fils, longueurs, règles de 3, erreurs, ratures, et fou-rires. Avec un ourdissage parfaitement maîtrisé, une nouvelle chaine montée sur le métier et nos échantillons en poche nous avons réussi notre examen de sortie !!!

Thierry découvre le passage des duites

Myriam avait une longue route pour rentrer, elle est repartie avec  son petit métier pliant et une chaîne  garnie des fils très fins qu’elle voulait expérimenter …. Thierry, très décidé sur son tissage, était en train de tenir tête à Betty sur le choix de ses fils. Ana, qui continuait à poser ses 1000 questions a-t-elle réalisé le tissage double qu’elle envisageait ?  Il faudrait une suite à notre histoire..

Mais…, quelle belle semaine !

Et comme dit Betty  : « tisser, c’est aussi tisser des liens » et nous d’ajouter qu’il est des liens qu’on ne regrette pas d’avoir tissés.