Et si on se penchait sur les circuits courts ?

En ces temps compliqués où le monde paysan s’agite (à raison) sur des conditions de plus en plus précaires d’exercice (pression des coûts de fonctionnement, des revendications des consommateurs, de la grande distribution qui rogne les prix d’achat, etc), il semble judicieux de s’interroger sur notre mode de consommation. Moins et mieux, ce sont les maîtres mots qui devraient nous guider. Ecologiquement, économiquement, peu d’autres issues. Pour nous comme pour nos producteurs. Dans tous les secteurs de nos achats, nous pouvons rechercher la sobriété.

En tissage aussi nous pouvons passer la loupe sur nos pratiques. Nos fils doivent nous séduire, ou bien nous inspirer, certes. Mais parfois, la démarche d’un producteur engagé peut aussi générer une découverte et une envie.

Laissez-moi vous parler de Virgocoop.

Comme son nom l’indique, Virgocoop est une coopérative. L’objectif affiché est ambitieux et aisément compréhensible : remonter des filières textiles localisées en France de A jusqu’à Z. Chanvre, lin, laine, des fibres naturelles, du champ jusqu’au tissu.

J’ai suffisamment enfourché mes grands chevaux sur les ravages de la fast fashion pour avoir été séduite par cette approche ambitieuse. Comme en plus le lin et le chanvre sont mes préférés, j’ai fouillé. Prometteur ! J’ai découvert leur travail fortuitement, à cause d’une publicité sur mon fil info FB (oui, je sais ; pour une fois, l’algorithme a heureusement bien fait les choses) qui montrait une paire de baskets fabriquées majoritairement en local (en Europe en tout cas). Les pompes étaient sympa (au fait, c’est sur le site de Ubac, si vous voulez aller voir), leur prix pas pour toutes les bourses mais pas catastrophique non plus (quand je vois ce que les marques style Nike font payer pour des horreurs qui tiennent trois mois … ça y est, je recommence). Tout est une question de durée d’investissement. Ok, on ne s’achète pas autant de chaussures quand c’est fabriqué vertueusement parce que ça a un prix. Ben on réfléchit plus, on cherche du moins standardisé, on craque pour un produit différent qui va durer plus longtemps. Là, les baskets étaient présentées avec un tissu réalisé à partir d’un des produits de Virgocoop : le mesclat. C’est un fil métis composé de laine et de chanvre mélangés. Belles performances techniques sur le papier (doux, confortable, isolant thermique!). Ca m’a donné envie d’essayer.

Alors j’ai demandé si je pouvais leur en commander. Pas l’habitude de faire au détail (le volume de commande habituel de la coopérative c’est plutôt par centaines de kilos !) mais le service de vente m’a très gentiment répondu, et ils ont fait une petite première pour moi. Je fus flattée … Maintenant j’ai un cône, et je vais me lancer. Je vous tiendrai au courant du résultat.

En attendant un petit reportage sur mon échantillonnage puis mon tissage, je vous convie à aller regarder de plus près leurs actions, ça vaut le coup. Et en plus, comme c’est coopératif, vous pouvez les soutenir et acheter une part dans leur entreprise. OK, ce n’est pas comme ça que vous ferez fortune et concurrencerez les Bettencourt, mais par contre c’est le genre d’initiative qui peut nous sauver, tous, à terme.

Le lien : https://virgocoop.fr/cooperative/projet/

Bientôt la fin de l’hiver, à part ça. Profitons tant qu’il en reste d’un peu de fraîcheur et de longues nuits.

Margodric