La plus grande partie de la littérature sur le tissage est publiée en Europe du Nord et aux Etats-Unis. Du coup, on a toujours du mal à trouver des articles en Français qui nous aide à bien penser le tissage en théorie. On peut facilement se perdre dans la multiplicité des structures de tissages, sachant qu’en plus, chaque pays utilise son propre nom pour une structure identique… un vrai labyrinthe… On peut néanmoins discerner trois structures fondamentales : la toile, le sergé et le satin.
Un tissu allie au moins deux qualités : sa solidité et sa beauté. Les fonctions ou l’usage des tissus nous fera privilégier l’une ou l’autre de ces deux qualités. Le croisement des fils assure la solidité. Le flotté, un fil un peu plus libre, moins entrelacé, met en valeur le fil, sa couleur, sa texture… Le tissu dans lequel les croisements sont maximum est la toile :
Tous les fils s’entrecroisent, tous les croisements se jouxtent. À l’opposé, en satin, les croisements ne se touchent pas. Les flottés sont ainsi beaucoup plus libres et se rapprochent les uns des autres, donnant l’impression de fils posés les uns à côté des autres sans contraintes de liens, quelque soit le fil utilisé. Un satin de chanvre donne une très belle impression de préciosité, même si la soie met plus en valeur le satin par sa brillance et sa douceur.
Entre ces deux structures, le sergé permet la solidité, par des croisements de fils qui se touchent, en même temps que la mise en valeur de la qualité et de la couleur du fil par les flottés. Sur un métier à 4 cadres, on peut tisser trois sortes de sergés : le 1/3 (1 fil pris, 3 fils laissés), le 2/2 (2 fils pris, 2 laissés) et le 3/1 (3 pris, 1 laissé).
Sur un métier à 4 cadres, on a donc 14 possibilités différentes possibles :
– soit on lève un seul cadre à la fois, le cadre1, ou le 2, ou le 3, ou le 4. On obtient le sergé 1/3
– Soit on lève deux cadres à la fois, 1- 2, 2 – 3, 3 – 4, 4 – 1. On obtient le sergé 2/2
Si on lève les cadres 1 et 3 ensemble, puis les cadres 2 et 4, on obtient la toile.
– Soit on lève trois cadres à la fois, 1-2-3, 2-3-4, 3-4-1, 4-1-2. Et on a le sergé 3/1
Toutes les autres structures sont des assemblages de ces 14 combinaisons de base. Et la plupart du temps, elles allient la toile et une des 12 combinaisons de sergé.
Allez, petite récréation, prenons une structure par hasard et voyons de quelles mélanges de combinaisons de base il s’agit. Par exemple, l’overshot : successions de deux duites , une duite pour tisser la toile de fond, 1-3 / 2-4, fil de trame le plus souvent identique à la chaîne et une duite pour tisser le motif, réalisé en sergé 2/2.
Allez, on vérifie avec une autre structure, l’été – hiver. Là encore, deux duites, une pour la toile de fond, et une duite de flotté 2/2.
Une dernière structure pour la route ? Le huck lace (dentelle suédoise ou grain d’orge) : on alterne les duites de toile avec 2 des 4 combinaison de sergé 2/2, la 4-1 et la 2-3 pour obtenir des flottés de chaîne et trame sur un bloc, et flottés de trame et chaîne sur l’autre bloc.
À vous de vérifier : toutes les autres structures de tissage sur 4 cadres se construisent à partir de ces 14 combinaisons de base.
C’est quand même ultra simple, non ? 🙂