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Tissage, du loisir à l’indispensable quête de la qualité

22 décembre 2020 -

Un petit article qui trainaît dans un « tiroir » informatique m’a fait du pied pour que je l’étale au grand jour ! Voilà une petite bouffée de tiédeur estivale qui nous revient en direct du chinonnais. Vous savez, quand la perspective de la deuxième vague du COVID nous paraissait hautement improbable. Essentiellement d’ailleurs parce qu’on nous l’assurait, à l’époque !

MAIS QUE SONT DEVENUS LES BEAUX TISSUS ?

Betty et ses artisserandes de juillet 2020

Le deuxième stage de juillet 2020 a été l’occasion d’une réflexion collective sur le tissu autant que sur le tissage. Et le constat est unanime : les beaux tissus se font de plus en plus rares.

Cathy, de Tours :

Je suis costumière à l’Opéra de Tours, et je ne trouve presque plus rien sur place pour m’approvisionner en beaux tissus. Il faut maintenant aller à Paris, à Lyon ou en Allemagne… Même pour les vêtements de marques et de luxe, la qualité s’effrite.

Tiphanie, de Paris :

J’ai remarqué la baisse de qualité des tissus des vêtements depuis 10 ans. Je couds depuis 5/6 ans et là, c’est la catastrophe pour trouver des beaux tissus de bonne qualité. Maintenant on tombe sur de la toile imprimée à moins de 10 euros le mètre, des tissus rigides avec de mauvaises teintures, pénibles à travailler. Les boutiques sont belles, mais les matières ne sont plus nobles du tout. Et dans les boutiques qui ont un workshop sur Paris, c’est pas mieux, à part une qui utilise des tissus bio. Je voyage en Asie du Sud-Est, et là on arrive encore à trouver des bons tissus. Alors déçue par l’offre des magasins, je fais moi-même mes vêtements avec des matières plus nobles.

C’est au point que Tiphanie, qui n’avait jamais tissé, avait apporté pour son stage un tissu japonais qui lui plaisait, ni de la toile ni du sergé imprimés, afin de le décrypter et de le refaire à l’identique. Elle a su le décrypter à la loupe après un seul jour de stage, puis on l’a un peu simplifié pour passer de 9 à 8 cadres, et elle l’a tissé à la perfection, en gardant le métier une semaine de plus après le stage pour le finir pendant ses vacances. Comble de chance pour ajouter aux plaisirs de cette succession de belles choses : je recevais le jour même de son arrivée un coton indigo en teinture naturelle qui était idéal pour mener à bien son projet !

Interprétation …

Je suis toujours très touchée de constater à quel point certains stagiaires sont sensibles aux beaux tissus. Quand j’étais gamine et que ma mère cousait, les cartes d’identité des tissus sur les marchés portaient une flopée de noms différents, tout un poème, ça me faisait rêver. Autant de savoir-faire artisanaux particuliers aujourd’hui perdus du fait de la globalisation. La diversité a disparu, l’uniformité règne. Idem pour les formations, soit dit en passant. C’est frappant. Tout cela est bien triste…

Magnifique structure recréée à l’occasion du stage

Heureusement, il nous reste des trésors de fils à dégotter au fil des maraudes dans les marchés et les salons, les promenades en France ou à l’étranger. Après quelques triturages de méninges et des calculs en pagaille, on apprend à Chinon, rue des marais, à recréer ou même inventer LE tissu de nos rêves. Tout espoir n’est donc pas perdu.

A bientôt en 2021, prenez bien soin de vous et des vôtres, et passez d’excellentes fêtes de fin d’année.